« Démêler le vrai du faux sur la composition des bols chantants tibétains »
Les bols chantants fascinent par leur capacité à produire des sons harmonieux et leurs prétendues propriétés thérapeutiques. Au cœur de cette fascination se trouve une question fondamentale : de quoi sont-ils vraiment composés ? Entre tradition ancestrale et réalité scientifique, explorons la véritable composition de ces instruments millénaires.

Ce que révèlent les analyses scientifiques
Les études de référence
Une équipe scientifique de l’université d’Oxford dirigée par le Docteur Peter Northrup a analysé en 2010 la composition de plus de 100 bols métalliques pouvant être assimilés à des bols chantants provenant de la région Himalayenne. Les dates de fabrication de tous ces bols étaient comprises entre le 16ᵉ et le 19ᵉ siècle.
Résultats surprenants
Il s’avère, après une analyse métallurgique, que la quasi-totalité de ces objets était fabriqué en bronze, à savoir un alliage de cuivre et d’étain. Pour moins de 2% d’entre eux, des traces de fer ont également été retrouvées, mais en aucun cas d’autres métaux.
Composition scientifiquement prouvée des bols anciens :
- 77% de cuivre
- 22% d’étain
- 1% de fer (dans moins de 2% des cas)
- 0% des autres métaux prétendument « sacrés »
Selon les diverses études scientifiques sur la composition des bols tibétains, cet alliage précis de 77% cuivre pour 22% d’étain est un des éléments clés pour obtenir une belle sonorité. Ainsi, cette composition précise ne varie que très faiblement parmi tous les exemplaires testés, ce qui témoigne d’un réel travail d’artisanat précis par les artisans de l’époque.
La tradition des « 7 métaux sacrés »
Les métaux traditionnellement évoqués
Selon la tradition moderne attachée aux bols chantants, les 7 métaux sacrés seraient :
| Métal | Planète | Jour | Chakra | Note |
|---|---|---|---|---|
| Or | Soleil | Dimanche | Couronne | Si |
| Argent | Lune | Lundi | 3ème œil | La |
| Cuivre | Vénus | Vendredi | Cœur | Fa |
| Fer | Mars | Mardi | Racine | Do |
| Étain | Jupiter | Jeudi | Gorge | Sol |
| Mercure | Mercure | Mercredi | Sacré | Ré |
| Plomb | Saturne | Samedi | Plexus | Mi |
L’origine de cette croyance
C’est au siècle gréco-romain qu’on retrouve l’association des métaux aux astres utilisée en alchimie et en chimie et ce jusqu’en 1787. Après cette date et suite à la publication de la nouvelle méthode de nomenclature chimique écrit par Guyton de Morveau et Lavoisier, l’association aux planètes du système solaire fut arrêté.
Important : Ainsi, après évoqué l’ensemble de ces éléments, il est largement permis de douter du fait que la composition des bols chantants tibétains en 7 métaux soit une réelle tradition antique.
Bols modernes vs bols anciens
Les bols contemporains
Est-ce que cela veut dire que tous les bols chantants récents sont juste conçus en bronze ? Absolument pas, comme le prouve ce rapport d’analyse de bols tibétains relativement récents de l’université de Concordia datant du 30 mai 1995 : Dans ce rapport, il est clairement mentionné que les bols analysés sont bien composés de 7 métaux différents, avec une teneur très élevée de plus de 99% pour le cuivre et l’étain.
Répartition réelle dans les bols modernes « 7 métaux »
🥇 Cuivre + Étain : 99%+
🥉 5 autres métaux : <1% (traces infimes)
Il faut bien comprendre que la teneur des différents métaux est très souvent la même, à savoir plus de 99% d’étain et de cuivre et moins de 1% pour le reste. Tant et si bien qu’en rajoutant d’autres métaux en quantité infime, les sonorités ne sont pas vraiment altérées ou même meilleures.
Processus de fabrication moderne
Étapes de création
Confection de la galette de métal : Un alliage de 7 métaux, est fondu et coulé dans un creuset pour former une galette de métal, dont les proportions tenus secrètes, varient selon la gamme de bols chantants souhaitée. Martelage du bol chantant : La galette est chauffée à haute température jusqu’à ce qu’elle devienne malléable. Une équipe de 4 artisans martèle le métal incandescent pour lui donner la forme d’un bol, un processus long et répétitif qui dure environ 6 heures.
Défis techniques
La teneur élevée en étain est assez difficile à préparer car l’étain et le cuivre réagissent différemment à la chaleur. Le point d’évaporation de l’étain est bien inférieur à celui du cuivre. L’étain peut s’évaporer dans l’air et se perdre avant même que le cuivre n’ait complètement fondu.
Comment identifier la composition ?
Les limites de l’identification
Autant être franc, cela va être compliqué. Ce n’est pas pour rien si des études scientifiques avec des analyses métallurgiques ont dû être réalisées afin d’en savoir un peu plus sur les origines des bols tibétains. Sans ces moyens technologiques poussés, il est en effet impossible de déterminer avec certitude de quoi est réellement composé votre bol chantant tibétain.
Coût des analyses
- Analyse en laboratoire : Plusieurs centaines d’euros
- Spectromètres professionnels : Milliers d’euros
- Précision requise : Très élevée pour détecter les traces infimes
Il n’existe actuellement aucune instance officielle et sérieuse chargée de certifier que certains ateliers utilisent bel et bien les 7 métaux dans la fabrication de leurs instruments. Ainsi, la confiance demeure le seul recours.
Bronze vs laiton : savoir distinguer
Différences visuelles
| Critère | Bronze | Laiton |
|---|---|---|
| Couleur | Brun, rougeâtre | Jaune, doré |
| Composition | Cuivre + Étain | Cuivre + Zinc |
| Sonorité | Riche, profonde | Plus claire |
| Authenticité | Traditionnel | Moderne |
Il existe aujourd’hui certains bols chantants qui sont produits à partir de laiton, qui est un alliage composé de cuivre et de zinc. Et ce dernier métal n’a jamais été utilisé pour la conception traditionnelle de cet instrument de musique. Ainsi, si votre bol tibétain est en laiton, il ne peut pas être considéré comme authentique.
Variations de composition moderne
Bols 5 métaux
Certaines boutiques vendent des modèles de bols tibétains qui contiennent du zinc, de l’aluminium ou encore du tungstène avec l’ajout de quelques métaux classiques comme le cuivre, l’étain ou le fer.
Bols 9 et 12 métaux
Occasionnellement, il est indiqué que du zinc et du nickel sont ajoutés à la composition de base en 7 métaux portant le total à 9. Concernant les bols tibétains en 12 métaux, si certains vendeurs affirment de temps en temps qu’ils en vendent, je n’ai jamais trouvé une indication sur les fameux métaux supplémentaires qui seraient rajoutés pendant le forgeage de cet instrument.
Considérations de sécurité
Métaux potentiellement toxiques
Il convient de rappeler qu’un bol en 7 métaux contient du plomb et du mercure, qui, même s’ils sont présents en très petites quantités, se trouvent être toxiques pour l’être humain.
Recommandations pratiques
Nous vous déconseillons de servir de la nourriture dans les bols du fait de la présence de ces deux métaux, bien que ces mêmes bols aient servi d’écuelles pendant des siècles.
Précautions :
- Ne pas utiliser comme récipient alimentaire
- Éviter le contact prolongé avec la peau sensible
- Consulter en cas d’allergie aux métaux.
Impact sur la qualité sonore
Propriétés acoustiques des métaux
Chaque métal apporte ses propres propriétés acoustiques, conférant au bol son timbre caractéristique. Par exemple, le cuivre est connu pour ses propriétés résonantes, tandis que l’argent peut ajouter une qualité claire et brillante au son.
Réalité sonore
Pour avoir testé plusieurs dizaines de bols chantants en 7 métaux, en bronze ou même en 9 métaux, il s’avère que peu de personnes pourront arriver faire la différence rien qu’à l’oreille.
Je vous invite à retrouver mon entretien avec Joël de JOKAT PANDORA qui nous parle de la composition des bols chantants
Conseil d’expert
L’essentiel à retenir
- Les bols anciens étaient principalement en bronze (cuivre + étain)
- Les bols modernes « 7 métaux » contiennent effectivement 7 métaux, mais à 99%+ de cuivre/étain
- La qualité sonore dépend plus du ratio cuivre/étain que des métaux traces
- L’authenticité historique n’implique pas forcément 7 métaux
- La sécurité doit primer sur le marketing
Recommandation pratique
Si votre objectif premier dans l’acquisition d’un bol tibétain est le bien-être, l’état des recherches actuelles en la matière démontre qu’il n’est pas forcément nécessaire d’investir une somme colossale afin de se procurer absolument un bol tibétain
Conclusion
La composition des bols chantants révèle un paradoxe fascinant entre tradition et science. Tandis que les analyses métallurgiques démontrent que les bols anciens étaient principalement en bronze, la tradition moderne des « 7 métaux sacrés » s’est développée avec l’expansion du tourisme occidental dans l’Himalaya.
La vérité : Les bols modernes peuvent effectivement contenir 7 métaux, mais les 5 métaux additionnels ne représentent qu’une fraction infime de la composition totale. Le bronze (cuivre + étain) reste l’élément déterminant pour la qualité sonore.
L’important : Que votre bol soit en bronze traditionnel ou en alliage moderne, ses bénéfices thérapeutiques et méditatifs dépendent davantage de votre pratique et de votre ressenti personnel que de sa composition exacte.
Choisissez votre bol chantant avec le cœur autant qu’avec la raison, en privilégiant la qualité sonore et votre connexion personnelle à l’instrument plutôt que les seules promesses marketing.
Sources : Université d’Oxford (Dr. Peter Northrup, 2010), Université de Concordia (1995), analyses métallurgiques contemporaines.
